Droits voisins pour acteurs : percevoir vos revenus complémentaires sans litige
En France, les droits voisins représentent une source de revenus souvent sous-estimée par les comédiens. Ils complètent le cachet initial dès qu'une œuvre est rediffusée, exploitée en VOD, en streaming, sur un vol long-courrier ou même dans une salle d'attente. Découvrez comment sécuriser ces droits voisins, éviter les litiges et optimiser vos règlements.
1. Droits voisins : de quoi parle-t-on exactement ?
1.1 Définition légale
Les droits voisins du droit d'auteur protègent les artistes-interprètes (dont les acteurs) pour l'utilisation secondaire de leur prestation. Ils sont inscrits aux articles L212-1 à L212-3 du Code de la propriété intellectuelle. Concrètement, chaque fois que votre jeu est fixé sur un support (film, série, publicité…), toute nouvelle diffusion déclenche un droit voisin, distinct du cachet.
1.2 Différence entre droits d'auteur et droits voisins
Point clé | Droit d'auteur | Droits voisins |
---|---|---|
Titulaire principal | Auteur (scénariste, réalisateur…) | Artiste-interprète (acteur) |
Acte déclencheur | Création de l'œuvre | Fixation de la prestation |
Durée de protection | 70 ans après décès | 50 ans après diffusion |
Organisme de collecte | SACD, SCAM… | SPEDIDAM, ADAMI, ARP, SPRÉ… |
2. Qui collecte vos droits voisins ?

Avant de penser aux montants qui tomberont sur votre compte, il est vital de comprendre le mécanisme de collecte des droits voisins en France. Le parcours s'apparente à une chaîne logistique : après la diffusion d'un programme, chaque diffuseur (chaîne de télévision, plateforme SVOD, compagnie aérienne, radio d'aéroport, etc.) déclare à la fois la durée, la date, le territoire et le support exploité. Ces données sont centralisées dans des bases sécurisées puis croisées avec les répertoires de rôles tenus par les artistes. Les sociétés de gestion collective, mandatées par vous, identifient votre prestation, calculent la quote-part qui vous revient et déclenchent enfin le paiement sur votre RIB. Sans cette étape de collecte, aucune somme ne peut être versée, même si votre visage fait le tour du monde.
En France, deux sociétés principales défendent les comédiens : ADAMI (audiovisuel & musique) et SPEDIDAM (spectacle vivant & enregistrements). Vous pouvez adhérer aux deux si votre carrière croise ces secteurs.
- Adhésion gratuite mais mandat exclusif : sans cela, aucun versement.
- Rémunération trimestrielle ou semestrielle.
- Espace membre pour suivre vos exploitations.
Si vous travaillez pour une série quotidienne avec clauses d'exclusivité (article prochainement disponible), assurez-vous que le producteur transmet bien les relevés aux sociétés de gestion. Sans ces métadonnées, vos droits voisins restent bloqués.
3. Étapes pour percevoir rapidement vos droits voisins
- Vérifiez votre contrat : la cession doit mentionner « droits voisins versés aux sociétés de perception » et lister les modes d'exploitation (TV, SVOD, web, avion…).
- Adhérez en ligne sur le site de l'organisme (pièce d'identité, RIB, CV artistique).
- Déposez vos œuvres en déclarant le titre, la durée, le rôle et le numéro CNC.
- Contrôlez vos relevés tous les six mois et contestez sous 12 mois en cas d'oubli.
- Anticipez l'international : remplissez les formulaires de réciprocité pour les diffusions hors UE.
Vous jouez dans une publicité ? Lisez notre guide sur la cession d'image en publicité (article prochainement disponible) pour sécuriser vos recettes d'exploitation mondiale.
4. Bons réflexes pour éviter les litiges
4.1 Conserver les preuves
Archivez script final, feuilles de service et justificatifs de tournage. Ces documents prouvent votre présence à l'image si un exploitant conteste votre statut d'artiste-interprète.
4.2 Négocier les avenants
Une rediffusion web non prévue ? Exigez un avenant écrit. Les avenants protègent vos droits voisins au même titre que le contrat initial.
4.3 Surveillez les nouvelles technologies
L'intelligence artificielle permet désormais de cloner une voix ou un visage. Consultez nos conseils pour protéger votre image numérique (article prochainement disponible) et incluez une clause anti-IA dans chaque contrat.
5. Combien pouvez-vous gagner ?
Le montant dépend de la durée de diffusion, du territoire et du média. À titre indicatif :
- Rediffusion TV nationale : 5 % à 12 % du cachet initial.
- Exploitations internationales : +20 % à +100 % si le programme est revendu dans plus de 10 pays.
- Plateforme SVOD mondiale : forfait ou pourcentage négocié, souvent 10 % à 25 % du cachet, versé annuellement.
Ces chiffres sont des fourchettes professionnelles publiées par l'ADAMI en 2023.
6. Exemples concrets
- Série premium : cachet 800 € / jour. Après deux ans, droits voisins cumulés : ~3 400 € (diffusion France + UE).
- Film d'auteur : cachet 450 € / jour. Rediffusions TV + SVOD : ~900 € supplémentaires en trois ans.
- Publicité digitale : cachet 1 500 €. Droits voisins négligés : 0 €. Avec contrat béton : +600 € sur 18 mois.
7. Optimiser votre visibilité pour plus d'exploitations
Plus un programme est diffusé, plus vos droits voisins augmentent. Soignez donc votre présence sur un annuaire des comédiens professionnels apprécié des directeurs de casting.
En parallèle, maîtrisez votre timing de tournage grâce à notre méthode pour estimer vos disponibilités avant d'accepter un rôle. Vous pourrez multiplier les projets sans chevauchement contractuel.
8. FAQ
- Les droits voisins sont-ils automatiques ?
- Non. Vous devez mandater une société de gestion collective et déclarer vos œuvres pour déclencher le versement.
- Puis-je négocier des droits voisins en direct avec le producteur ?
- C'est possible, mais vous risquez de perdre la protection collective. Les sociétés telles que l'ADAMI sécurisent la traçabilité mondiale.
- Que se passe-t-il si je change d'agent ?
- Votre mandat auprès de la société de gestion reste valable. L'agent ne touche pas les droits voisins, sauf clause spécifique dans votre contrat de représentation.
- Faut-il déclarer les droits voisins aux impôts ?
- Oui. Ils entrent dans la catégorie traitements et salaires (pour l'intermittence) ou bénéfices non commerciaux selon votre statut.
Quiz : maîtrisez-vous les bases des droits voisins ?
Conclusion et prochain pas
Les droits voisins ne sont pas un bonus aléatoire : ils constituent un revenu complémentaire durable, parfois équivalent à plusieurs semaines de tournage. En appliquant les bonnes pratiques contractuelles et en adhérant aux organismes adéquats, vous sécurisez votre avenir financier et artistique.
Prêt à aller plus loin ? Mettez à jour vos contrats dès aujourd'hui et surveillez vos relevés pour maximiser vos droits voisins.