Contrôle qualité post-prod : workflow couleur et son pour livrer sans retake
Vous en avez assez des retours clients de dernière minute ? Instaurer un contrôle qualité post-prod rigoureux sur la couleur et le son permet de livrer du premier coup, de préserver votre marge et de renforcer votre réputation professionnelle. Découvrez un protocole pas-à-pas, des outils concrets et des checklists téléchargeables pour fiabiliser chaque export.
Pourquoi le contrôle qualité post-prod détermine votre marge ?
Chaque minute de retake grignote du temps facturable : 15 % du budget moyen d'un film corporate est consacré aux ajustements couleur et audio non prévus. En normalisant vos vérifications, vous :
- réduisez le risque d'incompatibilité broadcast (gamuts, loudness, sous-titres)
- gagnez jusqu'à 30 % sur le temps d'export spécifique pour les plateformes (Netflix, YouTube, broadcast)
- préservez la satisfaction client, clé d'un flux de livrables sans aller-retour (article prochainement disponible)
Le workflow couleur : du set au master

De la récupération des têtes de mire sur le plateau jusqu'à l'encapsulation IMF, le contrôle qualité couleur s'apparente à une enquête minutieuse : inspection des nœuds d'étalonnage, validation systématique des LUT d'affichage, monitoring simultané sur écran SDR et HDR, vérification de la continuité visuelle entre plans A et B, comparaison du rapport d'exposition entre rushes jour et nuit, repérage proactif des clignotements de LED causés par un shutter mal synchronisé, analyse du défilement des sous-titres dans la zone d'action sécurisée, mais aussi audit rigoureux des métadonnées caméra pour éviter qu'un gamut accidentel ne s'invite lors du transcodage final. Lorsque chaque maillon de la chaîne est documenté, le risque de rappel client chute drastiquement et votre master passe la validation technique sans heurt.
1. Centraliser les références colorimétriques
Sur le plateau, tournez tête de mire et chartes (X-Rite, DSC Labs). Stockez-les dans un dossier « 00_Refs » partagé via cloud pour tous les étalonneurs.
2. Paramétrer l'espace de travail
Dans DaVinci Resolve ou Premiere Pro :
- Sélectionnez l'espace colorimétrique cible (Rec.709, P3 D65…)
- Activez la gestion des couleurs automatique pour éviter la double conversion
- Vérifiez les réglages de monitoring via un scope externe calibré
3. Étapes clés de l'étalonnage
Étape | Outil recommandé | Objectif QC |
---|---|---|
Balance des noirs et des blancs | Waveform + Parade | Limiter le clipping < 2 % |
Uniformité des peaux | Vectorscope | Teinte sur la ligne I, saturation ± 5 % |
Match inter-caméras | Scopes groupés + LUT caméra | Delta E < 3 |
Contrôle du gamut | False Color + gamut warning | 100 % Rec.709 max. |
Safe action/title | Guides 90 %/80 % | Textes lisibles sur mobile |
4. Export et validation automatisée
Utilisez un preset IMF ou ProRes 422 HQ. Passez le master dans Netflix QC Tool ou MTI Cortex QC. Les rapports indiquent les frames hors norme. Corrigez avant envoi pour éviter les retours.
Le workflow son : garantir une expérience cohérente

Un workflow audio robuste commence bien avant le bounce final : tri méthodique des prises originales, nettoyage spectral des parasites, attribution cohérente des tags BWF, configuration d'un bus de référence pour détecter instantanément les crêtes intempestives, calibration des écoutes à 79 dB SPL selon la norme ITU-R BS.1116, comparaison A/B de la dynamique sur un passage mêlant dialogue, musique et explosion, validation du rapport signal-bruit sur 60 secondes, contrôle du DC offset sur chaque stem, puis génération d'un repère audio tone slate afin de garantir une translation irréprochable lors de la diffusion broadcast ou OTT. Chaque étape est consignée dans un rapport PDF signé, ce qui simplifie l'audit et sécurise votre responsabilité professionnelle.
1. Organiser vos stems
Séparez dialogues, musiques, effets et ambiance. Nommez clairement (DX, MX, FX, AMB) et exportez en WAV 24 bits 48 kHz.
2. Normalisation loudness
Selon la destination :
- Web : ‑14 LUFS, True Peak ‑1 dBTP
- Broadcast : ‑23 LUFS EBU R128 (± 0,5), True Peak ‑2 dBTP
- Podcast : ‑16 LUFS
Utilisez Insight 2 ou Youlean Loudness Meter pour valider.
3. Contrôle spectral
Les pics sifflants > 10 kHz fatiguent l'auditeur. Appliquez un low-pass doux après dé-esser. Vérifiez au spectrogramme d'iZotope RX.
4. Phase et mono-compatibilité
Activez le plugin Goniomètre ; le signal doit rester dans le losange central. Corrigez avec un invert sur la piste hors phase.
5. Export multi-canal
Créez un master 5.1 si demandé ; sinon, un downmix stéréo. Vérifiez la translation avec Dolby Audio Bridge.
Checklist express « couleur + son » avant livraison
- Références colorimétriques intégrées au projet
- Scopes sans dépassement d'IRE ni gamut
- Loudness conforme au cahier des charges
- Absence de buzz ou pop à l'analyse RX
- Sous-titres HDMV ou .SRT synchronisés (voir notre guide sur accessibilité vidéo)
- Niveaux de sortie –20 dBFS pour la tone slate
- Écoute finale casque + enceintes
Outils de contrôle qualité : comparatif rapide
Logiciel | Forces | Limites | Licence |
---|---|---|---|
MTI Film Cortex QC | Rapports détaillés, support IMF | Interface dense | Payant |
Autodesk ShotGrid | Workflow collaboratif, playlist cloud | Pas de mesure audio | SaaS |
DaVinci Resolve Studio | Scopes avancés, Fairlight intégré | Reporting limité | Achat unique |
Venera Pulsar Lite | Automatisation cloud, API | Version Lite limitée à 30 min | Abonnement |
Gestion des versions et archivage
Générez un checksum MD5 sur chaque master. Archivez votre projet final + assets dans un dossier horodaté. Une bonne gestion des versions simplifie la relivraison, comme le rappelle notre article sur l'optimisation d'un workflow multicam.
Anticiper les retours clients : stratégie de prévention
Incluez une session de visionnage guidée : envoyez un screener filigrané avec timecode. Prévoyez une boucle de commentaires dans Frame.io, limitée à un tour de corrections. Souriez : 70 % des retours concernent des choix créatifs, pas des erreurs techniques. Le QC solide vous protège donc, tout en laissant la place au dialogue.
Intégrer la durabilité dans votre QC
Moins de retakes signifie moins de rendus énergivores et un stockage rationalisé. Pour aller plus loin, consultez notre dossier « production vidéo durable ».
Checklist téléchargeable
Téléchargez la version PDF de la checklist et épinglez-la au mur de la salle d'étalonnage. Elle synthétise tous les points de ce guide.
Quiz : êtes-vous prêt à livrer sans retake ?
FAQ
- Faut-il un moniteur HDR pour un projet SDR ?
- Non, un écran SDR calibré suffit, mais vérifiez le gamut pour éviter tout dépassement de Rec.709.
- Comment gérer les sous-titres dans le contrôle qualité post-prod ?
- Intégrez la vérification d'encodage (.srt, .xml) et de synchronisation dans votre checklist, puis testez sur un lecteur hardware.
- Quels plugins détectent les ronflements électriques ?
- iZotope RX « Spectral De-hum » ou le De-Noise d'Accusonus ERA.
- Le QC doit-il être internalisé ou externalisé ?
- Pour des projets récurrents, internaliser réduit les coûts. Pour un long-métrage OTT, une société tierce homologuée par la plateforme simplifie la conformité.
- Quel format d'archive garantit la pérennité ?
- Conservez un ProRes 4444 XQ ou un DNxHR 444 12-bits accompagné de la LUT d'affichage et du rapport MD5.
Pour identifier rapidement un prestataire capable de suivre ces standards, explorez l'annuaire des vidéastes à Lyon, référencé par compétences et équipements.