Politique tarifaire : fixer un cachet juste pour tournage court-métrage

Vous venez de décrocher un rôle dans un court-métrage ? Avant de signer, déterminez un cachet qui respecte la loi, reflète votre valeur artistique et reste réaliste pour la production. Ce guide pas à pas vous aide à chiffrer vos journées, à anticiper les à-côtés et à défendre votre rémunération sans crisper vos futurs partenaires.

1. Connaître le cadre légal avant de parler chiffres

Les minima conventionnels à ne jamais ignorer

En France, le tournage d'un court-métrage relève du régime de la convention collective du spectacle vivant ou de l'audiovisuel, selon le montage juridique du projet. Ces textes fixent des minima par catégorie artistique et par durée d'engagement ; pour un comédien, le plancher journalier se situe généralement autour de 129 € bruts (2024).

Attestation d'emploi : indispensable pour vos droits sociaux

Vérifiez que le producteur vous fournira une AEM. Sans ce document, impossible de comptabiliser vos heures pour le régime de l'intermittence ou de justifier votre activité auprès de Pôle emploi.

2. Les quatre variables qui font varier un cachet

Infographie des variables influençant le cachet d'un acteur

Avant même de sortir la calculette, prenez un instant pour visualiser concrètement comment ces quatre paramètres s'emboîtent : le type de production détermine souvent la capacité financière globale ; la visibilité projetée influence la valeur promotionnelle que le film vous apportera ; le temps d'engagement chiffre vos journées d'absence sur d'autres projets ; enfin, la portée des droits d'exploitation conditionne la durabilité de votre travail à l'écran. Chacun de ces leviers agit comme un curseur qui fait monter ou descendre votre cachet ; comprendre leur interaction vous permettra de formuler une proposition cohérente, argumentée et surtout crédible face au producteur.

  1. Type de production : projet d'école, association, auto-production, production professionnelle financée CNC.
  2. Visibilité prévue : diffusion privée, festival, plateforme, TV.
  3. Temps d'engagement : nombre de jours de tournage + journées de répétition, promos.
  4. Droits d'exploitation : durée et territoires, renouvellement éventuel.

3. Fourchettes de prix réalistes en 2024-2025

Type de court-métrage Budget indicatif Cachet d'un rôle principal (brut/jour) Cachet d'un rôle secondaire (brut/jour)
Projet d'école < 3 000 € 80 – 150 € 50 – 100 €
Auto-production 3 000 – 15 000 € 120 – 220 € 80 – 150 €
Prod. indépendante financée 15 000 – 50 000 € 250 – 400 € 150 – 250 €
Court TV / plateforme > 50 000 € 400 – 700 € 250 – 400 €

Ces montants incluent la journée de tournage et l'exploitation festival + web pour trois ans. Toute diffusion supplémentaire (TV, SVOD internationale) déclenche une renégociation ou un complément.

4. Négocier sans braquer la production

Préparez vos arguments

  • Comparez votre profil dans l'annuaire des comédiens de Lyon : âge, expérience, formation.
  • Valorisez des compétences rares (chant, cascades, langues).
  • Montrez votre disponibilité via un planning précis pour rassurer le réalisateur.

Exemple de phrase d'accroche

« Je comprends vos contraintes budgétaires. Sur des projets similaires, mon cachet est de 250 € brut/jour, incluant une cession festival + web 3 ans. Au-delà, je propose un complément de 50 % du cachet initial. »

5. Les à-côtés qui font la différence

Actrice gérant ses défraiements dans le train

Derrière la ligne « défraiement » du devis se cachent bien plus que quelques tickets de caisse ; le transport A/R, les correspondances de bus ou de métro, le parking sur le lieu de tournage, les repas – parfois très tôt le matin ou tard le soir – et l'hébergement s'il faut dormir sur place constituent une véritable dépense additionnelle qu'il faut anticiper. En intégrant ces coûts dès la négociation, vous envoyez le signal que vous êtes un professionnel organisé qui arrivera à l'heure, en forme, et sans stress financier. Mentionnez des barèmes officiels, proposez une estimation réaliste et conservez vos justificatifs : un producteur préfère toujours régler des montants cadrés plutôt que gérer des surprises de dernière minute.

Défraiement et transport

Même un petit film doit rembourser billets, carburant ou per diem. Appuyez-vous sur ce guide pour négocier un défraiement juste : barème kilométrique, repas, hébergement.

Droits voisins et exploitation future

Un court-métrage sélectionné en festival peut ensuite être vendu à une chaîne ou une plateforme. Soyez prêt à activer vos droits voisins : une clause de remontée de recettes vous protégera.

6. Outil visuel : l'évolution moyenne des cachets 2019-2024

Cachets moyens par type de production (2019-2024)
Évolution des cachets moyens École Auto-prod Indé TV/OTT 150€ 220€ 400€ 650€

Source : Adami – baromètre cachets artistes interprètes

7. Simuler votre rémunération globale

Pour estimer vos revenus nets, additionnez :

  • Cachet brut x nombre de jours.
  • Indemnités de transport et repas.
  • Compléments de droits en cas de diffusion élargie.

Retirez ensuite 11,18 % de cotisations salariales (artistiques) pour obtenir votre net avant impôt. Un feuille Excel simple ou un tableur gratuit suffit à anticiper votre trésorerie.

8. Cas pratique : projection en festival + vente TV

Vous signez pour 3 jours à 250 € bruts/jour. Le film est vendu six mois plus tard à une chaîne TNT pour 5 000 €. Votre clause de remontée prévoit 5 % pour chaque acteur principal : vous touchez 250 € supplémentaires. Votre cachet effectif passe ainsi de 750 € à 1 000 € sans renégociation lourde.

QUIZZ – Êtes-vous prêt à chiffrer votre prochain rôle ?

1. Le producteur propose 90 € brut/jour pour un film d'école. Est-ce en dessous du minimum légal ?
2. Une cession « tous médias, tous territoires, 10 ans » est incluse sans supplément. Que faites-vous ?
3. Les repas sont « hors budget ». Le producteur le peut-il légalement ?

Solutions:

  1. Oui – le minimum 2024 est environ 129 € brut.
  2. Je négocie un complément ou une limitation de durée.
  3. Non – un repas ou une indemnité est obligatoire après 6 h de travail.

FAQ

Dois-je toujours facturer un jour de répétition ?
Oui. La répétition constitue une prestation artistique et doit être rémunérée, même si elle se déroule en visioconférence.
Un producteur « associatif » peut-il proposer un cachet symbolique de 1 € ?
Non. Le smic horaire et les minima conventionnels s'appliquent quel que soit le statut juridique de la structure.
Puis-je refuser la cession de mes droits à l'international ?
Vous pouvez la limiter dans le temps ou exiger une rémunération additionnelle proportionnelle aux recettes étrangères.
Comment protéger mes rushes making-of ?
Inscrivez dans le contrat que toute utilisation de votre image hors film final nécessite votre accord écrit.

Conclusion : votre valeur est aussi un signal de professionnalisme

Un cachet juste sécurise vos droits, valorise votre travail et rassure la production sur votre sérieux. En maîtrisant vos chiffres et les clauses clés, vous posez les bases d'une collaboration équilibrée – la meilleure façon de transformer un court-métrage en vitrine durable pour votre carrière.

Envie d'aller plus loin ? Consultez nos autres ressources et actualisez régulièrement vos tarifs pour rester aligné avec le marché.

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