Signer un contrat publicitaire : clauses d'image et droits voisins expliqués
Vous venez d'être retenu·e pour une campagne et l'annonceur vous propose un contrat publicitaire ? Avant de signer, découvrez comment sécuriser votre droit à l'image, vos droits voisins et vos revenus futurs, sans freiner la collaboration.
Pourquoi un contrat publicitaire spécifique ?
Une publicité fixe votre image ou votre voix pour une exploitation qui peut durer des années. Le contrat encadre donc :
- la durée de diffusion ;
- le territoire (local, national, mondial) ;
- les supports (TV, web, affichage, réseaux sociaux) ;
- les droits voisins liés à votre interprétation ou à votre voix ;
- la rémunération initiale et les éventuels compléments (royalties, renouvellements).
Clauses d'image : évitez les pièges
1. Objet et périmètre d'utilisation
Le contrat doit décrire précisément la ou les images retenues : plan vidéo, photo, voix off, extrait musical. Exigez une liste numérotée des fichiers remis.
2. Durée de cession
En France, le Code civil interdit la cession « perpétuelle ». Privilégiez des périodes de 1 à 3 ans, renouvelables par avenant. Au-delà, négociez une rallonge tarifaire automatique.
3. Supports de diffusion
La multiplication des formats (stories, écrans DOOH, podcasts) peut faire grimper l'exposition. Demandez un tableau récapitulatif et exigez qu'un nouveau support implique une renégociation.
Support | Exemple | Majoration conseillée |
---|---|---|
TV nationale | Spot 30 s prime time | Cachet x 1,5 |
Réseaux sociaux payants | Reel sponsorisé | + 20 % |
Affichage urbain | 4x3 métro | + 15 % |
Plateforme VOD | Pre-roll YouTube | + 10 % |
4. Exclusivité, oui mais…
Si l'annonceur exige que vous ne tourniez pas pour une marque concurrente, bornons la clause à un secteur précis et à la même catégorie de produit. Inspirez-vous des garde-fous décrits dans cet article consacré aux contrats d'image régionale (article prochainement disponible).
Droits voisins : votre interprétation a de la valeur

En coulisses, votre performance vocale ou gestuelle ne se limite pas au simple tournage : elle constitue une œuvre voisine protégée qui peut continuer à générer des revenus longtemps après la fin de la campagne. Lorsque la marque décide, trois ans plus tard, de rééditer un best-of ou d'intégrer le spot dans un making-of diffusé sur sa chaîne YouTube internationale, c'est précisément votre droit voisin qui lui impose de solliciter votre autorisation et de vous rémunérer à nouveau. Sans cette mécanique, la valeur de votre travail disparaîtrait dès la première diffusion, alors même que la vidéo continue de toucher des millions de spectateurs et d'alimenter la notoriété de l'annonceur. C'est pourquoi un contrat bien rédigé mentionne le mode de calcul des redevances, la fréquence de reddition de comptes, mais aussi la possibilité de faire contrôler les déclarations de la marque par un expert-comptable indépendant. Enfin, pour limiter les litiges, précisez que tout support ou territoire non listé dans le tableau initial déclenche automatiquement l'ouverture d'une nouvelle négociation tarifaire.
Dès que vous jouez, chantez ou prêtez votre voix, vous bénéficiez de droits voisins du droit d'auteur. Ils couvrent l'utilisation secondaire de votre prestation (rediffusion, compilation, making-of).
1. Paiement initial vs. rémunération proportionnelle
Un forfait unique peut sembler confortable, mais il vous prive de recettes futures. Négociez plutôt un minimum garanti + un pourcentage des recettes ou un supplément à chaque reconduction.
2. Gestion collective ou individuelle ?
Vous pouvez laisser votre organisme de gestion (Spedidam, Adami) collecter les droits. Sinon, prévoyez une clause de reddition de comptes annuelle.
3. Durée de protection
Les droits voisins courent 70 ans après la première diffusion. Mentionnez-le pour éviter qu'un producteur n'affirme être libéré de toute obligation au bout de dix ans.
Pour approfondir, lisez également ce guide sur les droits voisins pour acteurs.
Questions financières : cachet, bonus et renouvellement
Calculez votre cachet en combinant :
- le temps de tournage ou d'enregistrement ;
- la notoriété de la marque ;
- le périmètre d'exploitation ;
- les restrictions d'exclusivité.
Un simulateur de grille tarifaire comme celui utilisé pour fixer un cachet de court métrage reste pertinent : adaptez-le au budget publicitaire, souvent plus élevé.
Indexation et renouvellement
Inscrivez un pourcentage de revalorisation automatique (par exemple + 15 %) en cas de reconduction au-delà de la période initiale. Prévoyez un délai de réponse explicite : sans accord signé à l'échéance, la marque doit cesser la diffusion.
Technologie et IA : anticipez les nouveaux usages

La démocratisation des deepfakes bouleverse l'équilibre traditionnel entre l'artiste et l'annonceur : en quelques clics, un logiciel peut aujourd'hui générer un nouveau spot sans que vous remettiez un pied sur le plateau. Imaginez qu'une marque, séduite par les économies promises par l'IA, clone votre voix pour doubler un message radio, puis adapte votre visage sur un avatar 3D destiné au marché asiatique. Sans clause explicite, elle pourrait prétendre que ces usages dérivés entrent dans la catégorie « tous supports électroniques » et échapper ainsi à toute redevance supplémentaire. Pour verrouiller la situation, il est donc essentiel d'insérer un article dédié qui définit l'intelligence artificielle, interdit toute manipulation automatisée de votre image ou de votre voix sans accord préalable écrit, et impose un barème clair en cas de recours futur. Vous pouvez aussi exiger un contrôle a posteriori : audit des bases de données internes, droit de vérifier les assets générés et obligation de mentionner votre nom dans les métadonnées. En combinant ces garde-fous, vous transformez une menace potentielle en levier de négociation — voire en nouvelle source de revenus sous forme de licence exclusive facturée au prix fort.
Les deepfakes et clones vocaux décuplent les risques d'atteinte à l'image. Ajoutez une clause qui interdit toute génération d'images ou de voix par IA sans votre autorisation écrite, comme recommandé dans cet article sur la protection face aux clones numériques.
Procédure de validation : conservez le dernier mot
- Bon à tirer (BAT) visuel : exigez de signer le BAT avant toute diffusion.
- Droit moral : rappelez que toute modification majeure de votre performance nécessite votre accord.
- Retrait : établissez un délai maximal (30 jours) entre votre demande et le retrait effectif d'un visuel litigieux.
Exemple de clause complète
« L'Artiste cède son droit à l'image pour l'utilisation du film publicitaire intitulé “Énergie 2025”, durée 30 secondes, pour une première période de 24 mois à compter du 01/10/2024, sur les territoires France et Belgique, tous médias digitaux et télévisuels hors cinéma. Toute reconduction donnera lieu au versement d'un complément égal à 20 % du cachet initial par période de 12 mois. L'Artiste conserve ses droits voisins et percevra 2 % des recettes nettes générées par la campagne au-delà de 1 M € de budget média. Toute utilisation d'outils d'intelligence artificielle générative nécessitera un avenant spécifique ».
Processus de signature sereine
- Demandez le projet de contrat au moins 72 heures avant la signature.
- Listez les points à négocier : durée, supports, exclusivité, rémunération complémentaire.
- Faites relire le document par un·e juriste ou par votre agent.
- Signez numériquement pour disposer d'un horodatage légal.
FAQ
- Le contrat doit-il mentionner ma rémunération exacte ?
- Oui. Un montant « à discuter » est nul juridiquement. Inscrivez le cachet et les bonus éventuels.
- Puis-je refuser l'exclusivité ?
- Absolument. Vous êtes libre d'exiger une option non-exclusive ou d'augmenter votre cachet si l'annonceur maintient cette clause.
- Que faire si la marque continue de diffuser après l'échéance ?
- Envoyez une mise en demeure. Vous pouvez solliciter des pénalités quotidiennes prévues au contrat ou saisir le tribunal judiciaire.
- Les droits voisins s'appliquent-ils à une simple photo ?
- Non. Ils concernent uniquement une prestation interprétée (voix, jeu, musique). Pour une photo, seul le droit à l'image est en jeu.
Testez vos connaissances
Conclusion : signez en toute confiance
Un contrat publicitaire bien rédigé protège votre image, vos droits voisins et garantit un revenu juste. Mettez ces conseils en pratique, faites-vous accompagner si besoin et préparez-vous à profiter pleinement de la visibilité offerte par la campagne.
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