Collaborer avec un chorégraphe invité : clarifier droits moraux et exploitations
Inviter un chorégraphe star apporte une signature artistique forte, mais aussi un faisceau de droits à négocier : droits moraux, exploitations scéniques, captation vidéo ou encore rediffusion télévisée. Découvrez un guide pas-à-pas pour sécuriser chaque partie, éviter les litiges et booster la rentabilité de votre création.
Pourquoi clarifier les droits dès le premier brief ?
Un chorégraphe invité arrive avec une œuvre préexistante, sa réputation et souvent une équipe. Sans cadrage juridique précis, la diffusion future devient un terrain miné : blocage de captation, refus de modification ou partage des recettes flou. Anticiper évite des surcoûts qui plombent le budget prévisionnel et protège la relation artistique.
Les trois familles de droits en jeu
- Droits moraux : paternité, respect de l'intégrité de la chorégraphie, droit de retrait.
- Droits patrimoniaux : représentations publiques, reproduction (captation), diffusion numérique ou télévision.
- Droits voisins : concernent les danseurs interprètes, à articuler avec ceux du chorégraphe.
Zoom sur les droits moraux du chorégraphe

Les droits moraux sont inaliénables. Le chorégraphe peut s'opposer à toute modification non autorisée : découpe d'un solo, intégration d'images IA, placement de produit ou changement de lumière déplacé. Incluez dans le contrat une clause de « validation écrite préalable » afin de maîtriser le délai de réponse et éviter le veto de dernière minute. Au-delà de la simple mention contractuelle, prévoyez également un protocole de médiation artistique en cas de désaccord, la désignation d'un arbitre neutre, un calendrier de concertation et des critères objectifs d'appréciation des modifications (durée, ton, message). Cette anticipation réduit la pression pendant les répétitions, rassure investisseurs et diffuseurs, garantit la cohérence dramaturgique et offre au chorégraphe un espace d'expression respectueux de son intention première tout en facilitant la collaboration.
Cas pratique : variations imposées par un commanditaire
Un sponsor demande un final raccourci pour un spot TV ? Prévoyez une clause d'adaptation limitée décrivant la durée maximale, la musique et la scénographie modifiées. Ainsi, vous respectez le droit moral tout en répondant aux exigences commerciales.
Négocier les droits d'exploitation : checklist complète
Exploitation | Territoire | Durée | Redevance conseillée |
---|---|---|---|
Représentations scéniques | France | 3 ans | 7 % de la billetterie |
Captation streaming live | Monde | 1 an | Forfait 1 000 € + 3 % VOD |
Diffusion TV | Europe | 5 passages | 15 % du prix de vente de la captation |
Extraits réseaux sociaux (<30 s) | Monde | Illimité | Incluse, citation obligatoire |
Un tableau simplifie la négociation : chaque colonne devient un repère factuel, évite les zones grises et fluidifie la relation avec les diffuseurs.
Répartition type des revenus d'exploitation
Source : Centre national de la danse
Ce visuel sert de point d'appui lors des discussions : chacun visualise sa part et l'impact d'une nouvelle exploitation.
Clauses clés à intégrer dans le contrat
- Description précise de la chorégraphie et de ses éléments protégés.
- Périmètre d'exploitation : support, territoire, durée, langue.
- Redevances et seuils de déclenchement (billetterie, vues, ventes).
- Processus de validation créative : délais, modalités, arbitrage.
- Droit de suite en cas de reprise par une autre compagnie.
- Assurance couvrant risques corporels et annulation.
Pour un modèle détaillé, consultez notre guide consacré à la protection des captations live.
Maîtriser l'image à l'ère du numérique

La diffusion en ligne multiplie les micro-exploitations : teasers, GIF, stories, reels, vidéos backstage ou même captures d'écran converties en mèmes. Chacun de ces fragments constitue juridiquement une reproduction et une communication au public, même lorsqu'il ne dure que quelques secondes. Sans garde-fou, vous risquez la démonétisation, un retrait DMCA ou un litige coûteux. Définissez donc, dans votre contrat, la durée maximale de chaque extrait, le ratio d'écran, l'obligation d'apposer un filigrane, les plateformes autorisées, le format du crédit et le délai de suppression en cas de demande. Pensez aussi aux algorithmes : un contenu TikTok peut être remixé automatiquement ; anticipez cette viralité pour ne pas perdre le contrôle. En agissant à la source, vous protégez la marque artistique tout en bénéficiant de la puissance marketing des réseaux sociaux.
- Durée maximale (ex. 30 secondes).
- Filigrane ou crédit chorégraphe obligatoire.
- Plateformes autorisées.
Avant de poster sur Instagram, n'oubliez pas de vérifier la conformité avec le cadre fixé, comme détaillé dans notre article sur la protection vidéo 2025.
Exploiter la captation : points de vigilance
Une captation HD peut devenir un produit VOD rentable. Prévoyez :
- Nombre de caméras et angles autorisés ;
- Partage des coûts de post-production ;
- Redevance spécifique sur chaque vente VOD.
Si la captation est destinée à un spectacle itinérant, pensez aussi aux clauses déjà listées dans notre guide sur les spectacles itinérants.
Workflow recommandé pour une collaboration sans friction
- Réunion d'intention : valider la vision artistique et dresser la liste des éléments protégés.
- Négociation contractuelle : compléter la checklist ci-dessus et fixer les redevances.
- Signature électronique : évite les retards logistiques, garantit la date d'entrée en vigueur.
- Suivi de production : partage des plannings et des maquettes vidéo sur un cloud sécurisé.
- Reporting post-exploitation : tableau des ventes, billetterie et reversement automatique.
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Quiz : testez vos réflexes juridiques !
FAQ
- Le chorégraphe peut-il imposer un veto sur la captation ?
- Oui, si le contrat lui accorde un droit de validation morale. Sans clause contraire, il peut s'opposer à une captation qui dénature son œuvre.
- Faut-il rémunérer un chorégraphe sur les extraits réseaux sociaux ?
- Souvent non, si la durée est courte et l'usage promotionnel. Mais précisez-le pour éviter tout litige futur.
- Les danseurs ont-ils des droits voisins sur la VOD ?
- Oui. Prévoyez un pourcentage ou un forfait, distinct de leur cachet initial, dès la signature.
- Que faire si le chorégraphe refuse une adaptation pour la tournée ?
- Négociez une clause d'option : si l'adaptation est indispensable (plateau plus petit), un médiateur artistique peut être mandaté pour valider les changements.
- Combien de temps garder les rushs non utilisés ?
- Fixez une durée (ex. 5 ans) et la finalité (promotion, archives internes). Au-delà, une nouvelle autorisation est préférable.
Conclusion : sécuriser l'art et le business
Clarifier droits moraux et exploitations avec un chorégraphe invité, c'est protéger la création, fluidifier la production et garantir des revenus pérennes pour tous. Mettez en œuvre la checklist contractuelle, validez chaque mode d'exploitation et gardez votre collaboration inspirante sur le long terme.
Prêt à passer à l'action ? Téléchargez notre modèle de contrat complet et commencez votre négociation sereinement.